Alors que l’Union européenne entre dans un nouveau mandat, le débat sur la manière de financer les nombreuses priorités politiques de l’UE occupe le devant de la scène. Au cœur de ce débat se trouve l’Union des marchés des capitaux (UMC), qui vise à créer des marchés des capitaux plus profonds et plus intégrés dans les États membres de l’Union européenne.
Les décideurs politiques européens soulignent depuis longtemps la nécessité de cultiver des marchés de capitaux plus cohérents dans l’ensemble de l’UE, en particulier à l’heure où les gouvernements sont aux prises avec des contraintes budgétaires croissantes. Des facteurs tels que la hausse des taux d’intérêt, le besoin de financements verts (qui s’élèvent entre 500 et 750 milliards d’euros par an jusqu’en 2040) et une demande pressante d’augmentation du financement de la défense soulignent tous la nécessité pour l’Europe d’approfondir l’intégration de ses marchés de capitaux.
Les discussions récentes et le rapport « Bien plus qu’un marché » d’Enrico Letta , qui propose des propositions pour faire progresser l’UMC et souligne le rôle que l’épargne et les investissements peuvent jouer pour faciliter les flux de capitaux au sein du bloc, sont encourageants. Les propositions de Letta comprennent un produit d’épargne à long terme avec inscription automatique dans toute l’UE, utilisant les incitations fiscales offertes par les États membres ; des améliorations du produit de retraite personnel paneuropéen afin de permettre aux citoyens de bénéficier de solutions d’investissement transfrontalières plus faciles ; la création d’un Fonds européen à long terme ; et la création d’un mécanisme européen de garantie verte visant à renforcer les prêts bancaires pour les initiatives en matière d’énergie verte. Tout cela pourrait financer certaines des priorités actuelles et futures de l’UE, y compris les transitions dites « jumelles » numérique et verte.
Au milieu de ces discussions, l’immobilier coté est souvent négligé, mais s’impose comme une classe d’actifs puissante… L’immobilier coté, comprenant les sociétés de placement immobilier (REIT) et les sociétés immobilières cotées en bourse, représente une pierre angulaire de la vision et du potentiel de la CMU. Sa valeur s’étend bien au-delà des briques et du mortier, offrant un canal de déploiement de capitaux, de croissance économique et de sécurité financière pour les investisseurs dans le paysage économique diversifié de l’UE.
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Démocratiser l’accès à l’immobilier coté
L’immobilier coté démocratise l’accès à l’investissement immobilier, permettant aux citoyens de détenir des actions dans un portefeuille diversifié d’immeubles , offrant des rendements stables et élevés aux investisseurs via les canaux directs (marchés boursiers) ainsi que leurs régimes de retraite.
Face aux incertitudes financières à travers l’Europe, notamment en ce qui concerne les revenus des retraites, l’immobilier coté offre un choix d’investissement résilient, prometteur de stabilité, de croissance et d’impacts sociaux et environnementaux positifs. Il fournit certaines des infrastructures cruciales dont l’Europe a besoin – des établissements de santé aux logements plus écologiques – garantissant un avenir sûr et plus durable à des millions de personnes. Il peut contribuer à lutter contre la pénurie de logements et à lever des fonds pour les projets de logements Renovation Wave , créant ainsi une Europe plus résiliente et compétitive.
Il est donc essentiel que les décideurs politiques de l’UE comprennent le rôle central que l’immobilier coté peut jouer dans la progression de l’UMC et donnent la priorité à plusieurs mesures clés. Premièrement, la rationalisation du processus de cotation au sein de l’UE rendra plus attrayante pour les entreprises d’entrer en bourse ou de rester cotées plutôt que d’opter pour le statut privé. En outre, les décideurs politiques devraient permettre aux produits de retraite d’avoir une exposition accrue à l’immobilier coté, en reconnaissant que leurs rendements dépendent de la capacité de l’investissement sous-jacent à générer des revenus. En outre, il est essentiel de favoriser l’adoption d’incitations fiscales appropriées pour encourager les investissements sur les marchés des capitaux et, par le biais de l’immobilier coté, dans les projets de logement et de rénovation.
Treize États membres européens ont déjà reconnu les avantages sociétaux de l’incitation à l’investissement immobilier par le biais des marchés publics et ont introduit une législation sur les REIT dans leur juridiction. L’Association européenne de l’immobilier public (EPRA) exhorte la Commission européenne à poursuivre la reconnaissance mutuelle de ces cadres afin d’établir un marché européen unifié des REIT, accessible aux citoyens des 27 États membres. Cette initiative permettrait non seulement de consolider des fonds et des investissements considérables dans un marché unique européen, mais favoriserait également son expansion en donnant à davantage de citoyens européens la possibilité d’investir dans des REIT.
Améliorer l’environnement réglementaire au sens large
L’EPRA salue les sentiments exprimés dans le rapport Letta et l’opportunité de renforcer la résilience financière et la compétitivité de l’Europe grâce à l’UMC. Toutefois, cela doit s’aligner sur une convergence réglementaire plus large, notamment la transition verte de l’Europe, pour garantir que ces deux objectifs se renforcent mutuellement.
En matière d’immobilier, non seulement l’ensemble du cadre de la finance durable devrait mieux englober les spécificités de l’investissement immobilier, mais la Commission européenne devrait chercher à harmoniser les mesures de performance énergétique entre les États membres afin de créer un marché immobilier européen unique.
Il est également urgent d’établir des normes claires et spécifiques au secteur qui non seulement reflètent avec précision les efforts de l’industrie en matière de développement durable, mais intègrent également des indicateurs pertinents pour améliorer la mesure et le reporting des progrès dans la transition énergétique. Cela revêt une importance capitale, d’autant plus que le secteur du bâtiment est responsable d’environ 40 % de la consommation d’énergie en Europe et que des efforts constants doivent être déployés pour faciliter la transition verte du parc immobilier.
En tant que porte-parole du secteur immobilier coté, l’EPRA et ses membres appellent la prochaine Commission européenne à mettre en place un cadre réglementaire qui permettra une plus grande participation des particuliers au marché immobilier coté, tout en facilitant également les investissements transfrontaliers pour permettre une meilleure une diversification du portefeuille pour contribuer à remédier au manque d’offre de logements en Europe. Ceci, parallèlement à des normes claires à l’échelle européenne pour soutenir la transition verte de l’immobilier, garantira l’avenir à long terme de millions de personnes et contribuera à une planète plus verte et plus durable.